Appel à projets de recherche « Pratiques interculturelles dans les institutions patrimoniales » 2012 Résumés des projets retenus
Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC)
avec le Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (LESC- CNRS UMR 7186) et l’Institut des sciences sociales du politique (ISP- CNRS UMR 7220), Université Paris Ouest Nanterre La Défense
Responsable scientifique : valerie.tesniere[at]bdic.fr
« Expériences interculturelles et trajectoires de vie. Archives orales des coopérants en Algérie, Tunisie et Maroc »
Partant des fonds existants d’archives orales de la BDIC sur la guerre d’Algérie, les engagements des intellectuels et les communautés de l’immigration, le projet poursuit l’exploration des mémoires post-coloniales en constituant des fonds d’archives orales auprès des anciens coopérants français en Algérie, en Tunisie et au Maroc et en les mettant en valeur par une enquête collective au sein des différentes institutions partenaires. Piloté par la BDIC, avec l’ISP et le LESC, l’objectif est de disposer ainsi de corpus d’archives considérablement étoffés, traités, conservés et mis à disposition du public. Archicoop entend contribuer au renouvellement de l’analyse scientifique du lien colonisation/post-colonisation en s’intéressant à la coopération, à ces situations d’hommes et de femmes, issus de l’ancienne puissance colonisatrice, apportant leur savoir-faire pour développer l’ancienne colonie. En phase avec les recherches actuelles sur la décolonisation, en lien avec d’autres programmes de recherche, il s’agit d’élargir les corpus existants portant surtout sur les enseignants et d’historiciser la question des situations inter-culturelles, avec l’apport de la sociologie de la mémoire comme cadre problématique pour penser et analyser l’influence de l’expérience inter-culturelle des coopérants sur leurs trajectoires individuelles (choix professionnels, histoires familiales) comme sur les mutations des pays des deux côtés de la Méditerranée.
Centre Max Weber (CNRS – UMR 5283) Université Jean Monnet Saint-Etienne, membre de l’Université de Lyon
avec le Centre culturel œcuménique de Villeurbanne, le Rize-Centre Mémoires et société, le Laboratoire de recherche historique en Rhône-Alpes (Lahra)
Responsable scientifique : claire.autant[at]wanadoo.fr
« Pratiques (inter)culturelles et institution d’un patrimoine. 50 ans d’activités au Centre Culturel Œcuménique- Jean-Pierre Lachaize (Villeurbanne) »
Dans la perspective de son cinquantenaire en 2013 Le CCO (Centre Culturel Œcuménique de Villeurbanne) a engagé une recherche-action sur les dynamiques interculturelles qui l’animent. Alors que la question posée est celle de la transformation des institutions et de leurs pratiques, l’expérience du CCO apparaît comme particulièrement riche et propice à décaler les problématiques plus classiques pensées à partir des institutions ayant une mission patrimoniale première. La présente proposition vise à comprendre un processus singulier de patrimonialisation de pratiques interculturelles. Premièrement il s’agit de voir comment les pratiques sédimentent un patrimoine, institutionnalisent un lieu, des modes de faire et des valeurs de l’ordre de l’interculturel. De ce point de vue le patrimoine est moins saisi comme un objet que comme une activité. Deuxièmement, partir des pratiques impose de ne pas présupposer d’emblée ce que sont les « cultures » en présence, ni de les concevoir comme des entités bien délimitées qu’il s’agirait de faire dialoguer. A partir de ce terrain, qui sera mis en regard d’autres lieux et expériences, on aimerait ouvrir la boîte des processus complexes de la construction culturelle, nécessairement interculturelle et de leur possible patrimonialisation. Le dispositif de recherche-action co-construit vise à rendre sensible les modalités de construction du commun et à rendre transposable cette expérience plutôt qu’à la figer.
Centre de Recherche sur les Médiations (CREM, EA 3476), Université de Lorraine avec la Victoria University(Nouvelle Zélande) (School of art history, classics and religious studies), l’Université d’Ottawa (département de sociologie et d’anthropologie/Centre interdisciplinaire de recherche sur la citoyenneté et les minorités, le Musée Te Papa, Tongarewa/Service des publics (Nouvelle Zélande)
Responsable scientifique : gaelle.crenn[at]gmail.com
« L’interculturalité à l’œuvre. Pratiques muséales, travail des identités culturelles et politiques autochtones dans l’exposition itinérante maori « E tu Ake » (France, Canada, 2011-2013) » Le projet s’attache à suivre une exposition itinérante portant sur l’identité culturelle māori, entre la Nouvelle-Zélande, la France et le Canada, en vue d’explorer les phénomènes d’interculturalité à l’œuvre dans la production comme dans la réception de l’exposition.
Considérée, selon l’approche de James Clifford, comme une « zone de contact » mobile, l’exposition itinérante est un lieu d’analyse privilégié des déplacements des identités culturelles qui s’opèrent dans la confrontation des pratiques muséologiques (de conservation, de muséographie, de communication…), et un lieu d’analyse de la réception d’une « exposition muséographique de soi » dans des contextes (politiques et idéologiques) nationaux différents.
Une attention particulière est portée à la comparaison des visions française et canadienne de l’autochtonie et de la diversité culturelle. L’exposition « E tū Ake (Standing Strong) » conçue par le Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa début 2011, vise à mettre en lumière la vitalité de la culture māori et la force de ses aspirations actuelles. L’exposition est présentée au Musée du Quai Branly à Paris (22 octobre 2011-22 janvier 2012) puis au Musée de la Civilisation à Québec (22 octobre 2012-Septembre 2013). En partenariat avec les trois institutions muséales concernées, l’approche combine enquêtes qualitatives et quantitatives, auprès des professionnels et des publics, en France et au Canada. Le projet explore la façon dont la conception de la culture māori que porte l’exposition est produite et transformée dans ses différentes occurrences, et la façon dont les pratiques des équipes des musées, ainsi que les représentations des visiteurs sont à leur tour transformées par l’exposition. Alors que les musées d’ethnologie du soi et de l’autre tentent de repenser leur rôle dans un contexte post-colonial, le projet éclaire la façon dont les institutions muséales abordent concrètement les questions de l’interculturalité, dans leurs pratiques de production et de diffusion.
Musée d’Histoire Jean Garcin : 39-45 L’Appel de la Liberté (Conseil général de Vaucluse)
avec l’Association Histoires vietnamiennes, l’Association Etudes sorguaises, le Laboratoire Culture et communication/Centre Norbert Elias/ CNRS UMR 8562/Université d’Avignon et des pays de Vaucluse
Responsable scientifique : eve.duperray[at]cg84.fr
« Emergence des mémoires oubliées, Indochine de Provence, Histoire des travailleurs indochinois en France de 1939 à 1952 »
Le Musée d’Histoire Jean Garcin : 39-45 L’Appel de la Liberté a tenu à conduire un recueil de données archivistiques et mémorielles sur la présence des travailleurs indochinois en Vaucluse de 1940 à 1952 afin d’apporter un focus local à cette part de l’Histoire coloniale française. Cette histoire reste peu connue alors que certains de leurs descendants vivent encore dans ce département. La mise en place du partenariat avec le laboratoire Culture et Communication et les associations Histoires vietnamiennes et Études sorguaises permet de retracer, d’un point de vue local, l’histoire oubliée et le parcours de ces individus issus d’une immigration organisée par l’État français pour participer à l’effort de guerre de la métropole.
Cette démarche valorise le rôle majeur de la mémoire collective et individuelle, de la transmission dans la construction et la reconnaissance de notre histoire au travers de la production du savoir historique. La restitution de ces recherches sous la forme d’une exposition temporaire et d’une édition pérennisera ce travail historique et mettra en cohérence l’action de mémoire avec la sensibilisation citoyenne.
Laboratoire méditerranéen de sociologie (LAMES – CNRS UMR 6157)/ Centre Max Weber
avec l’Association Ancrages et le laboratoire Unité de recherche migrations et société (URMIS)
Responsable scientifique : alain.battegay[at]gmail.com
« Lieux à mémoires multiples et enjeux d’interculturalité. Le cas de deux lieux en cours de patrimonialisation : la prison Montluc (Lyon) et le centre de rétention d’Arenc (Marseille) »
Ce projet part du constat de la dissociation entre les propositions des lieux de mémoires dédiés à la Résistance et à la Seconde Guerre mondiale, et les actions et scènes mémorielles dédiées à l’immigration. Bâtie autour d’un canevas commun de préoccupations, cette proposition porte sur deux lieux d’enfermement à mémoires multiples en cours de patrimonialisation : la prison Montluc à Lyon qui porte les traces d’une pluralité d’histoires, et le centre d’internement d’Arenc, aujourd’hui disparu, dont seules les archives et les matériaux d’histoire orale permettent de restituer la mémoire. Ce projet entend apporter des éléments de documentation et d’historiographie (repérage de sources, écrites, orales, visuelles, productions documentaires ‐ axe 1), en associant les publics et de multiples acteurs (compositions de parcours et de visites, préfiguration de web documentaire avec des forums interactifs ‐ axe 3). Des ateliers accompagneront la recherche associant des partenaires internationaux pour conduire à une journée d’étude : Lieux à mémoires multiples. Patrimonialisation, historiographie et dispositifs de médiation. Le dispositif associe des laboratoires de recherches, le pôle images de l’Institut des Sciences de l’Homme de Lyon et un acteur associatif (Ancrages). La coordination scientifique par le Lames s’accompagne d’une double structure de gestion : le laboratoire LAMES d’une part, l’association Ancrages de l’autre.
Institut de Recherche pour le Développement (IRD – CNRS UMR 208 PALOS (Patrimoines Locaux)/ Musée national d’histoire naturelle
avec l’Institut national du patrimoine artistique et historique du Brésil (IPHAN) et l’Empresa brasileira de pesquisa agropecuaria (Embrapa)
Responsable scientifique : laure.emperaire[at]ird.fr
« De la ressource au patrimoine : pratiques interculturelles et conservation de l’agrobiodiversité en Amazonie brésilienne »
Dans un contexte généralisé de perte de la diversité des plantes cultivées et des savoirs associés, le projet se fonde sur l’expérience de l’enregistrement (décret 3551 / 2000) d’un système agricole amazonien au patrimoine de la nation pour aborder la question de l’interculturalité. L’objet central de la réflexion est la diversité des plantes cultivées envisagées dans ses dimensions biologiques et culturelles et non seulement sous l’angle productif.
Le projet se décline en trois objectifs principaux :
1. l’identification des objets et processus qui constituent un patrimoine et leurs limites : ce volet a pour objectif de comprendre l’extension sociale et spatiale de ce qui fait patrimoine ;
2. l’analyse des discours et concepts portés par les différents intervenants dans la définition du patrimoine et des actions à entreprendre dans son plan de sauvegarde ;
3. l’appui à la définition de politiques culturelles pour la conservation de l’agrobiodiversité.
Le projet, outre son caractère interdisciplinaire, a pour aspect innovant de se fonder sur une collaboration consolidée et ancienne entre associations locales, institutions de recherche et institutions publiques.
> Introduction : Questionner les politiques culturelles face à la complexité des sociétés contemporaines, par Hélène Hatzfeld et Sylvie Grange.
> Expérimenter dans l’élaboration des projets
> Transformer les cultures professionnelles
> Interagir dans la valorisation et la médiation
Et aussi :
> Actualités : recherche, innovation numérique, publications.
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